En juillet 2013, la directive Alternative Investment Fund Manager (AIFM) aura été transposée en droit français. Cette directive vise à réglementer tous les gestionnaires de fonds non ucits. Le texte couvre de nombreux sujets; les fonds propres, la compétence des dirigeants, le recours à l’effet de levier…Un article entier est consacré à l’évaluation des actifs.
Si la directive laisse la possibilité aux fonds de réaliser la valorisation en interne, elle y pose des conditions très strictes. Lorsque la valorisation est effectuée en interne, il doit y avoir une muraille de Chine. Le texte évoque à plusieurs reprises les conflits d’intérêts et les pressions sur les employés, qui doivent être empêchés. Plus encore, lorsqu’un modèle de valorisation a été construit par l’équipe dédiée indépendante, celui-ci doit être validé par une tierce personne indépendante. La commission européenne fait clairement de la chasse aux conflits d’intérêt la priorité.
En plus de l’indépendance des équipes dédiées, on trouve des exigences pratiques dans les recommandations techniques. Par exemple, le gestionnaire souhaitant réaliser la valorisation de ses actifs devra établir des procédures concernant la sélection des sources d’information et les méthodologies employées. Il devra garantir la compétence et l’expérience du personnel dédié, ainsi que le contrôle de son système d’information. Il devra également préciser le process de résolution des écarts de valorisation.
Face à ces contraintes, il y a fort à parier que beaucoup de fonds d’investissement se tourneront vers des valorisateurs de produits financiers externes, qui apparaissent comme une réponse idoine. Ils réunissent des spécialistes de la valorisation, et ont adapté leur système d’information pour faire face à ce type de demandes: ils ont développé une expertise. Ils sont par ailleurs une solution naturelle aux problèmes de conflits d’intérêts entre équipes. Certains d’entre eux ont les capacités non seulement pour fournir régulièrement la valorisation d’un grand nombre de produits financiers, mais également pour accompagner leurs clients au quotidien, et notamment dans la compréhension des écarts des valorisations. Enfin, leurs offres sont souvent plus compétitives qu’un dispositif interne, grâce à leur mutualisation des coûts. Ils semblent donc les mieux armés pour répondre aux nouvelles exigences réglementaires, et cela dans un délai très court.
La profession a pris les devants pour répondre à ce défi. En France, à l’initiative de Francis Cornut, une association regroupant ses acteurs a vu le jour: l’Association Professionnelle des Valorisateurs d’Instruments Financiers. L’APVIF travaille avec l’International Valuation Standards Council (IVSC) qui a publié un guide pratique, le Competency Framework for Professional Valuers. Ce document détaille les qualités d’un professionnel de la valorisation (indépendance, objectivité et compétence). Au sein de l’APVIF, les professionnels échangent sur leurs méthodes, et les communications de l’association favorisent l’émergence de bonnes pratiques. Tout ceci contribue à une meilleure reconnaissance de ce nouveau métier et donne aux fonds d’investissement la confiance nécessaire pour travailler sereinement avec leurs nouveaux partenaires.
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